LE METRONOME DU CHAÂBI
Originaire d'une localité appelée Oumaden, près d'Azzefoun, dans la Wilaya de Tizi-Ouzou, El Hadj Omar Mekraza est né le 11 Février 1924 à Alger et il est décédé le mercredi 6 Mars 1986 à Alger à l'âge de 62 ans. Azzefoun, voilà une région qui, à elle seule, a fourni une grande partie de nos valeureux hommes de culture.
El Hadj Omar Mekraza, déjà fort de cette filiation, se distingue au début de sa carrière par l'exécution rythmique. Il finit par être remarqué par Cheikh El Hadj M'hamed El Anka qui le sollicite au sein de son orchestre en qualité de drabki (percussionniste). Il faisait même des remplacements, au moment des pauses, en qualité de cheikh et ce, jusqu'en 1949, date à laquelle il constitua sa propre formation musicale.
C'est en 1950 qu'il commença à enregistrer des disques - 3 microsillons 45 tours d'abord, dont les titres sont : “Yahlel -houa” de Mohamed Ibn Msèyeb, “Ya malik el mlouk Rebbi” de Sidi Lakhdar Benkhlouf et “Ya rèb el îbêde” d'El Maghraoui. Il réédite ces œuvres en 1970 dans trois autres disques 45 t. Il s'agit d'une reprise “Ya hlel houa”, de “Khems ouqât” et d'un hawzi “Rebbi alè el mlih iddébère”.
C'est avec la radio qu'il enregistra le maximum de ses œuvres. Il participa d'abord au sein l'ensemble dirigé par El Hadj M'hamed El Anka en 1959, en chorale où il interpréta “Entè siyed” exécuté sous forme de nsraf dans le mode raml maya. Il interpréta ensuite “Lalla Fatima” clôturée par “Ya Ghafel”.
La phonothèque de la radio détient, à ce jour, six concerts animés par Cheikh El Hadj Omar Mekraza constitués comme suit:
* - Rbiîya (printanière) de Mohamed Bendebbah * - Mal djefni de Cheikh Touhami
* - El Meknassia de Sidi Kaddour El-Alami * - El-Khezna Sghira de Lakhdar Benkhlouf
* - Limta Nchouf Taha de Cheikh Touhami * - Teouessoul de Sidi Kaddour El Alami.
Cheikh El Hadj Omar Mekraza effectue le pélerinage aux Lieux Saints de l'Islam en 1972, avec son ami El Hadj Mustapha Touabti; qui garde de ce voyage le souvenir d'un homme intègre, fidèle, magnanime et combien généreux.
On retient aussi de lui sa finesse dans l'exécution de la derbouka et son sens inné du rythme. On l'appelait le métronome, à juste titre d'ailleurs, pour l'équilibre qu'il maintenait au sein de l'orchestre, de l'assurance qui se répercutait psychologiquement sur le Cheikh, qui devait se sentir à l'aise dans l'interprétation de ses poésies, mais également des autres musiciens qui se sentaient libérés pour étaler leur virtuosité en imaginant, le cas échéant, des khanètes, appoggiatures ou décorations d'usage.
Le drabki (rythmen) est, en fait, considéré dans un orchestre chaâbi, comme le véritable pivôt, l'âme de l'ensemble et le conducteur de la mesure. On raconte même que durant l'exécution d'une longue qacida qui demandait des changements de rythme, avec Cheikh El Hadj M'hamed El Anka et sur simple regard, El Hadj Omar Mekraza le servait allègrement, créant ainsi une symbiose, une harmonie, un seul corps avec la mélodie, la mesure , les musiciens , le verbe et le Cheikh.
En plus de sa qualité de Cheikh chaâbi qui a connu des jours de gloire, El-Hadj Omar Mekraza a été un grand virtuose de la derbouka dziriya, qu'il réchauffait au besoin en brûlant un morceau de papier journal et qu'il appliquait sur la peau de l'instrument.
Les virtuoses qui se sont distingués dans cet instrument sont:
Tchouchène Mohamed El-Hadj Omar Makraza - Chabane Chaouche - Moh Saïd - Aliouat Mon fils - Debbah Ali dit Allilou - Lakhdar El Achab - Omar Melloud - Slim Mustapha - Slim Zineddine dit Zinou, Ahmed Boumya dit Papo - Rabah et Dahmane Khalfa, Mourad Benzerrouk , Nacer Djedaïa, Brahim Aggad, Bentaleb Abderrahmane, Taleb Mourad et bien d'autres.
En grand cheikh du chaâbi, mais également en maître de la derbouka, El Hadj Omar Mekraza s'est éteint à l'âge de 62 ans, à Alger, le mercredi 6 mars 1986.
Il laisse six enfants, 3 filles et 3 garçons. Deux d'entre eux sont artistes; il s'agit de Mouloud qui joue du banjo et Smail qui a hérité la passion de son père: celle de la percussion.
L'Association des Amis de la Rampe Louni Arezki et Sidi Abderrahmane lui rend un vibrant hommage le jeudi 4 février 2002, à la salle Ibn Zeidoun, à Riadh El Feth. Une soirée au cours de laquelle se sont produits l'Association El Inchirah d'Alger, le chanteur Amirouche Mimouni, les cheikhs Abderrahmane Koubi et Mâazouz Bouadjadj.
Abdelkader BENDAMECHE
Ecrivain
Visiteur, Posté le dimanche 19 août 2012 07:10
C'était le premier imitateur d'el anka.