L'urgence d'un travail académique
Par Hocine. T, In le soir d'algérie
du 10 Mai 2011
Une conférence-débat sur l'histoire de la chanson chaâbi a été organisée, le 7 mai dernier, à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information (ENSJSI).
La rencontre était animée par Abdelkader Bendaâmache, commissaire général du Festival national de la chanson chaâbi. Ce qu'il faut surtout retenir, c'est la présence de nombreux étudiants et étudiantes parmi l'assistance. Un jeune public qui, en participant au débat, a rehaussé l'intérêt de la rencontre. Plusieurs artistes (dont Youcef Toutah, Nasreddine Galiz...), musiciens et chercheurs sont également intervenus dans ce forum d'expression. Accompagné de son orchestre, le jeune chanteur chaâbi Zohir Aït Kaci a gratifié l'assistance d'un récital, juste à la fin du débat. Le lien (la passerelle) avec le monde universitaire ainsi fait, cela peut-il contribuer à susciter des travaux scientifiques sur la chanson chaâbi, plus tard ? Car, au-delà de la riche et passionnante histoire du chaâbi (et que Abdelkader Bendaâmache a su si bien raconter), le vrai débat est là : comment rendre ce patrimoine un objet d'étude et de recherche. Pour le sortir de cette sorte de ghetto dans lequel il se trouve actuellement, le faire renaître, il manque ce qui n'existe pas encore malgré toutes les bonnes volontés du monde, et c'est précisément ce fameux socle doctrinal que Abdelkader Bendaâmache n'a pas oublié d'en souligner la nécessité. Aujourd'hui, l'enjeu (le véritable travail à entreprendre), c'est de conserver les traces de ce patrimoine oral par une démarche académique. Des écrits et autres recherches poussées, des études scientifiques, une réelle formation sanctionnée par un diplôme sont autant d'approches pédagogiques et méthodologiques qui pourront impulser un nouvel élan au chaâbi. La renaissance et l'enrichissement du patrimoine culturel écrit sont à ce prix. «La connaissance et le savoir sont la base de notre travail, notamment avec l'organisation de l'édition annuelle du Festival de la chanson chaâbi», relève Abdelkader Bendaâmache. Hélas, ce genre de concours qui rassemble chaque année de jeunes talents ne peut se substituer à une vraie école (ou institut) de formation. Mais, à défaut de grives... Pour en revenir à la communication de Abdelkader Bendaâmache, le moins que l'on puisse dire est qu'elle est fort instructive. Ainsi, tout comme le malhoun dont il accueille parfois les formes déjà consacrées, le chaâbi fait partie de la tradition populaire chantée. Lui aussi empruntant aux autres genres, il était très utilisé par les poètes populaires (des narrateurs et commentateurs qui véhiculaient des messages, et donc les ancêtres des journalistes d'aujourd'hui peut dire Abdelkader Bendaâmache). Au début du XXe siècle et jusqu'au déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale était le madih dini, ce panégyrique religieux qui faisait qu'un cheikh était appelé el meddah (El Anka, par exemple, c'était el meddah Mohamed). Ce n'est qu'en 1946 que le grand Boudali Safir a remplacé le terme madih par l'appellation chaâbi (populaire), pour le distinguer des quatre autres genres que sont l'andalou, le badaoui, le kabyle et le asri (le moderne). Depuis, on parle désormais de chaâbi, et ce n'est qu'en 2005 que la dénomination définitive de «chanson chaâbi» a été adoptée. En l'espace d'un siècle environ, il y a eu quatre générations de chanteurs chaâbi et chaque artiste avait sa personnalité, notamment pour la troisième (celle des Guerrouabi, Ezzahi, El Ankis, etc). Dans les années 1970, rappelle Abdelkader Bendaâmache, le regretté Mahboub Bati avait beaucoup contribué à promouvoir le chaâbi. Il lui avait donné un nouvel élan, grâce à la chansonnette, ce grand parolier ayant insufflé de l'oxygène aux mélodies de l'époque. Depuis l'introduction du sahli par El Anka, le chaâbi s'est toujours distingué par son ouverture à d'autres genres qu'il a intégrés et assimilés (dont l'andalou, l' aroubi, l'occidental, le latino même). Il s'est également enrichi par de nouveaux instruments de musique, de façon progressive. L'espace esthétique de la chanson chaâbi reste un espace ouvert et en continuelle transformation. Pour une raison bien simple : le chaâbi parle de ceux qui le vivent, il est le témoin de son époque. Les générations actuelles et futures devraient donc mieux connaître ce riche patrimoine culturel algérien. D'où le légitime espoir de Abdelkader Bendaâmache de voir s'instaurer des pratiques académiques devenues urgentes.
La rencontre était animée par Abdelkader Bendaâmache, commissaire général du Festival national de la chanson chaâbi. Ce qu'il faut surtout retenir, c'est la présence de nombreux étudiants et étudiantes parmi l'assistance. Un jeune public qui, en participant au débat, a rehaussé l'intérêt de la rencontre. Plusieurs artistes (dont Youcef Toutah, Nasreddine Galiz...), musiciens et chercheurs sont également intervenus dans ce forum d'expression. Accompagné de son orchestre, le jeune chanteur chaâbi Zohir Aït Kaci a gratifié l'assistance d'un récital, juste à la fin du débat. Le lien (la passerelle) avec le monde universitaire ainsi fait, cela peut-il contribuer à susciter des travaux scientifiques sur la chanson chaâbi, plus tard ? Car, au-delà de la riche et passionnante histoire du chaâbi (et que Abdelkader Bendaâmache a su si bien raconter), le vrai débat est là : comment rendre ce patrimoine un objet d'étude et de recherche. Pour le sortir de cette sorte de ghetto dans lequel il se trouve actuellement, le faire renaître, il manque ce qui n'existe pas encore malgré toutes les bonnes volontés du monde, et c'est précisément ce fameux socle doctrinal que Abdelkader Bendaâmache n'a pas oublié d'en souligner la nécessité. Aujourd'hui, l'enjeu (le véritable travail à entreprendre), c'est de conserver les traces de ce patrimoine oral par une démarche académique. Des écrits et autres recherches poussées, des études scientifiques, une réelle formation sanctionnée par un diplôme sont autant d'approches pédagogiques et méthodologiques qui pourront impulser un nouvel élan au chaâbi. La renaissance et l'enrichissement du patrimoine culturel écrit sont à ce prix. «La connaissance et le savoir sont la base de notre travail, notamment avec l'organisation de l'édition annuelle du Festival de la chanson chaâbi», relève Abdelkader Bendaâmache. Hélas, ce genre de concours qui rassemble chaque année de jeunes talents ne peut se substituer à une vraie école (ou institut) de formation. Mais, à défaut de grives... Pour en revenir à la communication de Abdelkader Bendaâmache, le moins que l'on puisse dire est qu'elle est fort instructive. Ainsi, tout comme le malhoun dont il accueille parfois les formes déjà consacrées, le chaâbi fait partie de la tradition populaire chantée. Lui aussi empruntant aux autres genres, il était très utilisé par les poètes populaires (des narrateurs et commentateurs qui véhiculaient des messages, et donc les ancêtres des journalistes d'aujourd'hui peut dire Abdelkader Bendaâmache). Au début du XXe siècle et jusqu'au déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale était le madih dini, ce panégyrique religieux qui faisait qu'un cheikh était appelé el meddah (El Anka, par exemple, c'était el meddah Mohamed). Ce n'est qu'en 1946 que le grand Boudali Safir a remplacé le terme madih par l'appellation chaâbi (populaire), pour le distinguer des quatre autres genres que sont l'andalou, le badaoui, le kabyle et le asri (le moderne). Depuis, on parle désormais de chaâbi, et ce n'est qu'en 2005 que la dénomination définitive de «chanson chaâbi» a été adoptée. En l'espace d'un siècle environ, il y a eu quatre générations de chanteurs chaâbi et chaque artiste avait sa personnalité, notamment pour la troisième (celle des Guerrouabi, Ezzahi, El Ankis, etc). Dans les années 1970, rappelle Abdelkader Bendaâmache, le regretté Mahboub Bati avait beaucoup contribué à promouvoir le chaâbi. Il lui avait donné un nouvel élan, grâce à la chansonnette, ce grand parolier ayant insufflé de l'oxygène aux mélodies de l'époque. Depuis l'introduction du sahli par El Anka, le chaâbi s'est toujours distingué par son ouverture à d'autres genres qu'il a intégrés et assimilés (dont l'andalou, l' aroubi, l'occidental, le latino même). Il s'est également enrichi par de nouveaux instruments de musique, de façon progressive. L'espace esthétique de la chanson chaâbi reste un espace ouvert et en continuelle transformation. Pour une raison bien simple : le chaâbi parle de ceux qui le vivent, il est le témoin de son époque. Les générations actuelles et futures devraient donc mieux connaître ce riche patrimoine culturel algérien. D'où le légitime espoir de Abdelkader Bendaâmache de voir s'instaurer des pratiques académiques devenues urgentes.