
«Bon pied, bon ½il», il s'en allait chaque petit matin bonheur faire ses emplettes au marché «Clauzel», l'actuel souk Rédha-Houhou. Il est vrai qu'en ce temps de la décennie naissante des années 1990, l'ambiance si tendue ne s'y prêtait ni à la palabre, ni à la nonchalance. Et pour cause, c'était l'Alger à l'atmosphère si lourde de gaz lacrymogène et assombrie de clameurs qui ne prêtent guère à l'optimisme. Mais qu'à cela ne tienne, le Roi de l'Archet arpentait la rue Khélifa-Boukhalfa (ex-Denfer-Rochereau) tenant en sa main un couffin pendant que la foule d'anonymes adoptait déjà le hideux sachet noir qui fera couler beaucoup d'encre. Et moi, pendant que je sirotais mon p'tit noiraud chaud et fumant, il me plaisait d'admirer M. Abdelghani Belkaïd, puisque c'est de lui qu'il s'agit. D'ailleurs, il me le rendait si bien mon regard qui était tout autant lourd de questions autour de lendemains qui déchantent. «Perdu» qu'il était dans une société qu'il ne reconnaissait plus, le maestro du violon y vaquait à ses courses tout en arborant une triste mine qui en disait long sur son désarroi. Ce même désarroi qui prend et qui pend à la gorge de cette race d'hommes sensibles et ô combien délicats et qui allait précipiter l'Alger dans l'inconnu. Quoi qu'il en était d'un Alger qui nous filait tout doucement entre les doigts, je garde le souvenir d'un homme si prompte au «S'bah el kheir». En effet, et même s'il était peu loquace, force est d'admette que la seule présence de M. Abdelghani Belkaïd suffisait à égayait les lieux. Aujourd'hui qu'il est parti, la rue Khélifa-Boukhalfa n'a eu de cesse de pleurer ce violoniste qui a accompagné des générations durant d'interprètes de chaabi et de hawzi avec l'autre virtuose du piano, j'ai cité le regretté Mustapha Skandrani. Repose en paix l'artiste, celles et ceux qui t'ont connu, ne t'oublieront jamais!
Louhal No
Meissonier-DZ, Posté le mercredi 25 décembre 2019 12:14
Benoît Lafleur,un maître du qanoun. Il était marié à une française et résidait à la rue khelifa boukhalfa. Cet homme discret et discipliné n'a jamais fait l'objet d'un article ou évocation à la radio ou TV. Bizarre.