

Mohamed LAMARI
1940-2019
Figure emblématique de la chanson algérienne, Mohamed Lamaridemeure cet interprète du chant moderne algérien qui avoisine aujourd'hui, la soixantaine d'années de carrière, faites entièrement de succès et de mouvements.
De parents originaires de Makouda dans la Wilaya de Tizi Ouzou, Mohamed Lamari est né le 11 octobre 1940 à la rue Mont Thabor àla Casbahd'Alger.
C'est le groupe scout Echihab qui l'accueille en 1948, au sein duquel ,il interprète avec brio des chants nationalistes. C'est une période idéale d'apprentissage et de mise en valeur de ses qualités vocales ; un véritable don de la nature. C'est ainsi qu'on le surprend chanter « kelbi médor » (mon chien médor) devant sa maîtresse et ses camarades de classe à l'école Sarouy. Il reprend avec aisance tous les airs en vogue de Abderahmane Aziz, Ali Riahi, Mohamed Touri, Abdelwahab Agoumi, avant qu'il ne se présente tout naturellement à l'émission découverte de jeunes talents (Radio crochet) organisée par l'ASPTT en 1950, dont le siège est situé à la place du 1er mai (actuelle) puis au cinéma El Djamel à Soustara plus tard.
Son entrée au sein de l'ensemble El Djillaliya dirigé par sa vedette préférée Abderahmane Aziz, va être déterminante, car ce côtoiement de qualité allait aboutir à l'enregistrement de son premier disque en 1956 « ya bent el houma » titre écrit par Amari Bouchkir.
Après un bref passage au cours dispensé par Cheikh Abdelkrim Dali au Conservatoire municipal d'Alger, où il apprend quelques morceaux de musique andalouse et de hawzi,, Mohamed Lamari se fixe dans la chanson moderne, grâce aux conseils et à l'encadrement de Mahieddine Bachetarzi, de Abderahmane Aziz et de Haddad El Djillali plus tard.
Les succès arrivent coup sur coup entre 1955 et 1957 date de son interruption en plein milieu de la bataille d'Alger : « Ma Nsitchi » pour Teppaz, « Samoura » pour Dounia, écrits et composés par Haddad El Djillali, sont les deux titres qui scintillent dans le ciel artistique d'Alger et de Paris de l'époque
Il goutte aux affres des geôles du colonialisme durant une année et demi. A sa libération, il se réfugie à Oran, où il reprend une intense activité aussi bien publique qu'en studio d'enregistrement. En 1961 Bruno Coquatrix gérant de la prestigieuse salle parisienne de l'Olympia lui fit une offre alléchante de contrat qu'il dut décliner par solidarité évidente avecla Luttede Libération Nationale qui battait son plein.
Après l'Indépendance Nationale, Mohamed Lamari devient une véritable mécanique artistique qui sillonnera toutes les régions du territoire national, ainsi qu'une grande partie de la planète lors de semaines culturelles algériennes à l'étranger.
En duo avec Myriam Makéba en 1969 chantant l'Afrique, il offre un hymne au révolutionnaire légendaire Che Guevara, ainsi que d'autres àla Palestineet au Vietnam en guerre, à l'Algérie libre et indépendante de toute évidence. Il réalise l'ensemble de sa carrière avec les compositions de Mahboub Bati, Hadjouti Boualem, Haddad Djillali, Cherif Korteby, Mohamed Mokhtari, Mustapha Skandrani, Rabah Deriassa, Boudjemia Merzak, Abderahmane Lâala, Mustapha Sahnoun entre autres sur des textes de Cheikh El Habib Hachelaf, Mustapha Toumi, Mohamed Bouzidi, Mahboub Bati, Ali Mâachi, Mustapha Kechkoul, Haddadine Mourad, Lamine Bechichi, Rabah Deriassa, Bouchkir Amari, Amar Azzouz etc
L'écrivain et journaliste, Abdelkrim Tazarout lui consacre un livre biographique paru aux éditions Rafar en 2010.
Intitulé « Lamari : le ténor de la Casbah », cet ouvrage de qualité trace le parcours prestigieux de ce monstre sacré de l'histoire musicale algérienne qui nous quitte le lundi 16 décembre 2019 à l'âge de 79 ans
Abdelkader Bendamèche
Louhal-N, Posté le mercredi 18 décembre 2019 12:01
Il vivras en nos coeurs pour nous avoir donné tant de bonheur.